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BPCO et inflammation de type 2 : risque d'exacerbation. Pr Surya P. Bhatt

La BPCO a longuement été associée seulement à une inflammation de type 1/3 provoquée par les neutrophiles* mais des études récentes suggèrent un mécanisme plus complexe impliquant une inflammation éosinophilique de type 2 chez certains patients.2-5 Le Dr Surya P. Bhatt, professeur de médecine à l'Université d'Alabama à Birmingham, fournit des informations sur ce domaine émergent de la recherche sur la BPCO.

Comprendre la BPCO et les voies inflammatoires

La BPCO a longuement été considérée uniquement sous l'angle de l'inflammation neutrophile de type 1/3, principalement caractérisée par un nombre élevé de cellules TH1 et TH176. Cependant, le Pr Bhatt souligne un changement dans la compréhension, notant qu’« il est de plus en plus reconnu que l'inflammation de type 2 peut en fait jouer un rôle dans la BPCO ». Cette inflammation n'est pas aussi simple à détecter, avec des degrés variables de présence dans la population de patients. 10 à 40% des patients avec une BPCO pourraient avoir une inflammation de type 2. 7-10


Il existe différents endotypes dans la BPCO, caractérisés par des mécanismes physiopathologiques différents.11

10 à 40% des patients atteints de BPCO présentent une inflammation de type 2, caractérisée par un taux élevé d'éosinophiles sanguins.

BPCO = Bronchopneumopathie Chronique Obstructive

L'éosinophilie sanguine comme biomarqueur dans la BPCO12

Selon le Pr Bhatt, le taux d’éosinophiles dans le sang constitue un indicateur clé : « Il corrèle relativement bien avec l'inflammation de type 2 dans les poumons et il est moins susceptible de donner un résultat faussement positif».1 Cela signifie qu'un taux d'éosinophiles sanguins peut être un indicateur fiable de l'activité inflammatoire de type 2 dans les poumons. Cependant, il précise également que des niveaux fluctuants d'éosinophiles peuvent compliquer le diagnostic indiquant que « si vous ne le retrouvez pas, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas d'inflammation de type 2 ».

Conséquences cliniques de l'inflammation de type 2 dans la BPCO

Le Pr Bhatt fait référence aux données d'études importantes telles que COPDGene et Eclipse, qui montrent une corrélation claire entre le nombre d'éosinophiles et la fréquence des exacerbations chez les patients atteints de BPCO.13 « On observe une augmentation linéaire de la fréquence des exacerbations avec l'augmentation du nombre d'éosinophiles », note-t-il , soulignant la pertinence clinique de ces résultats. Notamment, le seuil de 300 cellules/ μL marque une augmentation significative de la fréquence des exacerbations, qui continue d'augmenter avec un nombre croissant d'éosinophiles sanguins.14

De plus, d'autres outils de diagnostic comme la fraction exhalée d'oxyde nitrique (FeNO) peuvent apporter des informations sur l'inflammation de type 2. Le Dr Bhatt présente une étude menée auprès de 226 patients, révélant que des niveaux constamment élevés de FeNO (≥ 20 ppb) sont associés à un risque accru d'exacerbations aigües, suggérant la présence d'une inflammation de type 2.15


La BPCO avec inflammation de type 2 est associée à un risque accru d'exacerbations.13

Le risque d'exacerbations augmente avec l'accroissement du taux d'éosinophiles.

Le risque d'exacerbations augmente avec l'accroissement du taux d'éosinophiles.

Chiffres tirés de The Journal of Allergy and Clinical Immunology, Vol 141/No. 6, Yun JH, et al., Blood eosinophil count thresholds and exacerbations in patients with chronic obstructive pulmonary disease, pp2037-2047.e.10, Copyright 2018, avec l'autorisation d'Elsevier.
*Etude observationnelle multicentrique COPDgene de patients atteints de BPCO de grade 2 à 4 selon la méthode de spirométrie GOLD : 1113 patients ont participé à un programme de suivi longitudinal visant à évaluer prospectivement les exacerbations.
†Etude longitudinale multicentrique et internationale ECLIPSE sur 3 ans : 1 895 sujets présentant une spirométrie GOLD de grade 2 à 4 avec une numération formule sanguine complète et des données de suivi sur 3 ans ont été analysées.
CI = intervalle de confiance; BPCO = Bronchopneumopathie chronique obstructive ; EOS = éosinophile ; IRR = Ratio des taux d'incidence ; N/A = non applicable.
Yun JH, et al. J Allergy Clin Immunol. 2018;141(6):2037-2047.e10.


Une FeNO élevée est asscociée à un risque accru d'exacerbation de la BPCO15

Les patients présentant des valeurs FeNO constamment élevées (≥ 20 ppb) avaient un risque plus élevé d'exacerbation aiguë de BPCO (EABPCO).15

Les patients présentant des valeurs FeNo constamment élevées (≥ 20 ppb) avaient un risque plus élevé d'exacerbation aiguë de BPCO (EABPCO).

Le taux de FeNO peut être impacté par16,17 :

  • le statut tabagique
  • l'utilisation de CSI

Pour tenir compte des comparaisons multiples, la signification statistique a été définie comme suit p > 0.001
Reproduction de la figure avec l'autorisation de @ERS 2023. European Respiratory Journal Jan 2018;51(1):1701457.
Ce matériel n'a pas été revu avant sa publication ; par conséquent, L'European Respiratory Society ne peut être tenu reponsable de toute erreur, omission ou inexactitude, ou de toute conséquence en déroulant, dans le contenu.

* Dans le cadre d'une étude prospecive d'observation et de suivi sur un an, 226 patients atteints de BPCO se sont rendus à la clinique à trois reprises, lors du recrutement et du suivi à 6 et 12 mois.1
AE = exacerbation aigüe ; BPCO = Bronchopneumopathie chronique obstructive ; FeNO = Franction exhalée d'oxyde nitrique ; CSI = corticostéroïde inhalé ; ppb = partie par milliard. EABPCO = Exacerbatoin aigüe de bronchopneumopathie chronique obstructive.

Inflammation de type 2 et réadmission à l'hôpital

L’inflammation de type 2 n’est pas seulement corrélée à des exacerbations fréquentes,13 mais a également un impact sur les réadmissions hospitalières.18 Dr P. Bhatt cite une étude rétrospective chez presque 2500 patients américains issus d'une base de données administrative, ayant démontré que « des taux élevés d'éosinophiles (définis comme supérieurs à 300 cellules/ μL), étaient associés à un taux significativement plus élevé de réadmissions liées à la BPCO à 30 jours ainsi qu'à 60, 90 jours et 12 mois ». Cette observation souligne l'intérêt de surveiller les taux d'éosinophiles pour identifier les patients à risque élevé d'exacerbations.


La BPCO avec une inflammation de type 2 est associée à une augmentation des réadmissions à l'hôpital.18

Risque accru de réadmission à l'hôpital liée à la BPCO à 30, 60, 90 jours à 1 an*

Schéma adapté de International Journal of Chronic Obstrcive Pulmonary Disease 2020: 15;2629-2641, Hegeald MJ, et al. Publié à l'origine par et utilisé avec l'autorisation de Dove Medical Press, Ltd.
Etude de cohorte observationnelle rétrospective visant à examiner les réadmissions à l'hôpital liées à la BPCO entre janvier 2011 et décembre 2016 à l'Intermountain Healthcare Facility (desservant l'Utah, l'Idaho et le Wyoming).
La taille finale de l'échantillon était de 2445 patients hospitalisés avec une exacerbation aigüe de BPCO et avec une mesure du taux sanguin d'éosinophiles disponible.
*BPCO = Bronchopneumopathie chronique obstructive

En conclusion

Les remarques du Pr. Surya P. Bhatt mettent en évidence des avancées importantes dans la compréhension de la BPCO, une maladie complexe et hétérogène.

La reconnaissance du rôle de l'inflammation de type 2 dans la physiopathologie de la BPCO pourrait contribuer à des approches thérapeutiques plus personnalisées.

Références
  1. GOLD 2025 Report (v1.0) - GOLD 2025 p16/para6 (p.28).
  2. Antus, B. and I. Barta, Blood Eosinophils and Exhaled Nitric Oxide: Surrogate Biomarkers of Airway Eosinophilia in Stable COPD and Exacerbation. Biomedicines, 2022. 10(9). REF-281355
  3. David, B., et al., Eosinophilic inflammation in COPD: from an inflammatory marker to a treatable trait. Thorax, 2021. 76(2): p. 188-195. REF-281358
  4. Sivapalan, P. and J.U. Jensen, Biomarkers in Chronic Obstructive Pulmonary Disease: Emerging Roles of Eosinophils and Procalcitonin. J Innate Immun, 2022. 14(2): p. 89-97. REF-281357
  5. Tashkin, D.P. and M.E. Wechsler, Role of eosinophils in airway inflammation of chronic obstructive pulmonary disease. Int J Chron Obstruct Pulmon Dis, 2018. 13: p. 335-349. REF-281356
  6. Barnes_J Allergy Clin Immun_2016 (v1.0) - p1/para1/ln4-11 (p.1)
  7. Role-of-eosinophils-in-airway-inflammation-COPD - Donald P Tashkin & Michael E Wechsler (v1.0)​
  8. Biomarkers in COPD: Emerging Roles of Eosinophils - Pradeesh Sivapalan & Jens-Ulrik Jensen (v1.0) - 20-40%
  9. Eosiniphilic inflammation in COPD - Benjamin David, Mona Bafadhel , Leo Koenderman, Antony De Soyza (v1.0) - 20-40% (p.2)
  10. Blood Eosinophils and ExhaledNitricOxide - Balazs Antus 1,2,* and Imre Barta 1 (v1.0) - 10-30% (p.2)
  11. Manian J Thorac Dis 2019 (v1.0) - p3/para1/ln8-10 (p.4)
  12. Gueçamburu M, Zysman M. BPCO et éosinophiles [COPD and eosinophils]. Rev Mal Respir. 2022 Oct;39(8):685-697. French. doi: 10.1016/j.rmr.2022.08.005. Epub 2022 Aug 30. PMID: 36055950.
  13. Yun JH, et al. Blood eosinophil count thresholds and exacerbations in patients with chronic obstructive pulmonary disease. J Allergy Clin Immunol. 2018 Jun;141(6):2037-2047.e10.
  14. Yun JH, Lamb A, Chase R, et al. Blood eosinophil count thresholds and exacerbations in patients with chronic obstructive pulmonary disease. J Allergy Clin Immunol. 2018;141(6):2037–2047. REF-151291
  15. Alcázar-Navarrete B, et al. Persistently elevated exhaled nitric oxide fraction is associated with increased risk of exacerbation in COPD. Eur Respir J. 2018 Jan 18;51(1):1701457
  16. Lu Z, et al. Int J Chron Obstruct Pulmon Dis. 2018;13:2695-2705
  17. Williamson PA, et al. Eur Respir J. 2011; 37 (1): 206-209
  18. Hegewald MJ, Horne BD, et al. Blood Eosinophil Count and Hospital Readmission in Patients with Acute Exacerbation of Chronic Obstructive Pulmonary Disease. Int J Chron Obstruct Pulmon Dis. 2020 Oct 23;15:2629-2641.

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