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Epidémiologie

La prévalence de l’asthme dans la population adulte est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (7,4% vs 5,3%) et le risque d’exacerbations est plus important chez les femmes de plus de 55 ans.

Rôle des hormones sexuelles

Les stéroïdes sexuels peuvent moduler les fonctions des cellules structurales de la paroi bronchiques (ex. épithélium) grâce aux récepteurs spécifiques présents au niveau pulmonaire mais aussi celles des cellules inflammatoires impliquées dans la physiopathologie de l’asthme. Le rôle exact des stéroïdes sexuels féminins dans la pathogénèse de l’asthme est difficile à établir étant donné la grande variabilité des concentrations sanguines et tissulaires selon les différentes étapes de la vie (ex. puberté, grossesse, ménopause) et du cycle menstruel, la dualité de l’effet des estrogènes qui réagit comme immunostimulant à faible dose et immunosuppresseur à dose élevée et les possibles interactions avec les récepteurs des glucocorticoïdes.

Asthme prémenstruel

L’asthme prémenstruel est défini comme le phénotype d’asthme caractérisé par une détérioration cyclique de la symptomatologie, pendant la phase prémenstruelle et/ou pendant le premier jour de règles. Les auteurs insistent sur le fait que ce phénotype d’asthme est sous-diagnostiqué et représenterait environ 20% des femmes asthmatiques. Comme facteurs de risque reconnus sont énumérés la survenue des règles précocement et la présence d’un syndrome prémenstruel. Les caractéristiques de l’asthme prémenstruel sont un asthme plutôt sévère, avec des exacerbations nécessitant souvent des hospitalisations aux urgences ou en soins intensifs ainsi que le recours à une corticothérapie systémique. Les marqueurs inflammatoires sont plus élevés dans la période prémenstruelle (ex. NO, éosinophiles, leucotriènes). Certaines études plaident en faveur d’un effet protecteur de la contraception médicamenteuse et des anti-leucotriènes dans ce type d’asthme, cependant d’autres recherches sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

L’asthme au cours de la grossesse

L’asthme pendant la grossesse peut s’associer à des complications materno- fœtales importantes. La prévalence est estimée entre 6,7 et 9,3%, et un tiers de femmes décrit une aggravation de l’asthme pendant la grossesse. Sont retrouvés comme facteurs de risque : l’obésité, le tabagisme, le reflux gastro-œsophagien plus important dans cette période, l’interruption du traitement de fond de l’asthme car crainte d’un effet tératogène et les infections virales. Plus de la moitié de femmes présente des exacerbations sévères nécessitant une hospitalisation. La prise en charge de l’exacerbation suit les recommandations générales à l’exception de l’imagerie où il faut privilégier l’échographie pour objectiver un pneumothorax ou une condensation parenchymateuse. Les répercussions de l’asthme sont importantes à la fois sur la grossesse (ex. survenue de complications : diabète, hémorragies, placenta prævia, rupture prématurée des membranes, césarienne) comme sur le fœtus (ex. petit poids à la naissance, retard de croissance intra-utérin, prématurité). Les auteurs insistent sur la nécessité de la poursuite du traitement de fond de l’asthme pendant la grossesse avec adaptation, si besoin, selon le site « lecrat.fr ».

Asthme de la ménopause

Les données actuelles montrent une augmentation du risque d’asthme chez les femmes ménopausées d’autant plus important pour celles recevant un traitement substitutif hormonal.

Asthme sévère de la femme : vers un nouveau phénotype ?

Concernant l’association d’asthme sévère avec le genre féminin, on retrouve plutôt un phénotype d’asthme tardif, non-atopique, associé à de l’obésité, avec des symptômes persistants, exacerbations fréquentes, une diminution modérée à importante de la fonction respiratoire, neutrophilique et une réponse moindre à la corticothérapie inhalée.

Asthme professionnel chez la femme

Chez la femme, l’asthme professionnel est plutôt en lien avec l’exposition aux produits de coiffure (persulfates) et de nettoyage (ex. ammonium quaternaire, isocyanates). Le risque attribuable à la profession parait légèrement plus élevé chez les femmes par rapport aux hommes (11,5% vs 9,1%).

Asthme de la femme et éducation thérapeutique

L’éducation thérapeutique nécessite une adaptation selon les besoins des patientes et les spécificités de l’asthme de la femme.

 

Lecture critique :

Dr. A. Tiotiu, Pneumologue, CHRU Nancy

Références

C. Raherison et al. Asthme de la femme au fil du temps : vers une prise en charge personnalisée ? Revue des Maladies Respiratoires (2020) 37, 144-160

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