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- Source : Campus Sanofi
- 19 juil. 2022
Le fardeau psychologique de l'asthme
Le fardeau psychologique de l’asthme est d’autant plus important que cette pathologie chronique touche souvent les patients dès l’enfance, structurant la construction identitaire, et qu’elle touche un organe qui a une symbolique toute particulière, étant donné que dans l’imaginaire collectif « Respirer c’est vivre ».
Le vécu subjectif des symptômes d’asthme varie selon les patients et est faiblement corrélé à l’évaluation objective du contrôle et de la sévérité de l’asthme.
Les symptômes diurnes sont plus importants dans le vécu des patients que les symptômes nocturnes. Sont importants également dans le vécu de l’asthme par le patient la durée de l’asthme, la dyspnée le jour de l’étude, l’administration de corticostéroïdes par voie orale pendant les 12 derniers mois, l’âge, le nombre total de bouffées de traitement prises par jour.
Il est donc important de s’aider de questionnaires tel que l'AQLQ (Asthma Quality of Life Questionnaire) pour évaluer le retentissement de l’asthme sur la qualité de vie du patient.
L’asthme est une maladie chronique qui nécessite une intégration de cette pathologie dans la vie du patient. |
Le premier cas clinique est celui d’un homme de 35 ans. Il exerce une profession avec visiblement de fortes responsabilités et a un emploi du temps très chargé. Il accorde plus de valeur à sa propre expertise de sa maladie qu’à celle des médecins, ce qui le conduit à peu suivre les prescriptions. La personnalité de ce patient est marquée par le fait que les évènements sont perçus comme dominés par une force intérieure à l’individu et non extérieure. Il s’agit d’une variable de personnalité qui est stable et qui est indépendante des évènements. Cela permet une gestion psychique de la maladie chronique qui donne un grand sentiment de contrôle, ce qui est un mode d’adaptation efficace étant donné que le patient n’exprime pas de souffrance. Toutefois si son asthme s’aggrave, il existe un risque d’effondrement narcissique avec une remise en cause de sa représentation de soi et de sa valeur.
Le deuxième cas clinique est une patiente de 27 ans qui a dans ses antécédents un cancer guéri à l’âge de 8 ans. Elle ne prend pas son traitement qu’elle considère comme une contrainte. Elle considère l’asthme comme une maladie « pas si grave » et les hospitalisations ne l’inquiète pas, au contraire, il semble que ces hospitalisations constituent un traitement efficace lui permettant de retourner ensuite à sa vie d’insouciance. Cette patiente présente un mécanisme d’adaptation de minimisation de sa pathologie chronique qui lui permet d’en diminuer la charge psychologique. Cette adaptation la confronte à des situations dangereuses pour sa santé.
Le troisième cas clinique est celui d’une patiente de 41 ans. Elle a consulté plusieurs fois aux urgences pour des exacerbations sans signe de gravité, après une première crise survenue lors d’un évènement particulièrement stressant. Son asthme la conduit à éviter les efforts physiques, à se séparer de son chat et d’adapter son environnement alors qu’elle n’a pas d’allergies et que son asthme n’est pas sévère. Elle a développé une hyper vigilance et une anxiété permanente. En réalité, cette patiente souffre d’un syndrome d’hyperventilation.
Rédigé par :
Dr Guillaume MAHAY
Pneumologue
CHU de Rouen
Hôpital Charles Nicolle CHU Rouen
Références
C. Rolland-Debord, I. Goriounov, V. Pitron, Le fardeau psychologique de l’asthme, Revue des Maladies Respiratoires, Volume 38, Issue 7, 2021, Pages 721-732, https://doi.org/10.1016/j.rmr.2021.01.018.
7000040114 - 11/2022