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L’objectif de ce travail était d’analyser l’expression de gènes T2 dans les expectorations induites d’une cohorte américaine d’adolescents asthmatiques, afin d’une part de déterminer si l’endotype T2 était associé à la sévérité de l’asthme et d’autre part si l’administration d’une corticothérapie systémique avait un impact sur ces biomarqueurs.

Méthodes de l'étude

Les enfants de 6 à 17 ans suivis dans 7 cliniques américaines bénéficiaient d’explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) à J0 et J18 ±3j d’une injection intra-musculaire de triamcinolone à la dose d’1mg/kg par voie intra-musculaire (1,25mg/kg d’équivalent prednisone) ; seuls les sujets âgés de 12 ans ou plus avec un volume expiré maximal en 1 seconde (VEMS) ≥ 70 % des valeurs théoriques réalisaient également des expectorations induites permettant l’analyse de l’expression individuelle des gènes de l’IL- 4, 5, 13, et la moyenne de ces gènes T2. Ces données étaient comparées à celles d’adultes indemnes de pathologie respiratoire (aucun antécédent respiratoire, EFR de repos normales, test de provocation bronchique à la méthacholine négatif).

Résultats de l’étude

Au total, sur 66 patients asthmatiques ayant réalisé des expectorations induites, 34 (52 %) patients asthmatiques (22 sévères (AS), 12 non sévères (ANS)) ont été inclus dans l’étude et comparés au groupe contrôle (n=29). Comparativement aux sujets sains, l’expression d’IL-4 était plus élevée dans les expectorations induites des patients ANS alors que les niveaux d’expression d’IL-5 et l’expression moyenne des gènes T2 étaient augmentés chez les tous les asthmatiques quel que soit le stade de sévérité de l’asthme. En revanche, l'expression d'IL4, IL5, IL13 et l’expression moyenne des gènes T2 ne différaient pas entre les AS et les ANS. L’expression moyenne des gènes T2 chez les adolescents asthmatiques était associée à la présence de marqueurs de l’inflammation T2 tels que l’augmentation de la Fraction exhalée du NO (FeNO), du taux d’éosinophiles sanguins et dans les expectorations induites, du taux d’IgE totales, du nombre d’IgE spécifiques sériques positives et l’importance de la réversibilité du trouble ventilatoire obstructif, indépendamment de l’âge, du nombre d’années écoulées depuis le début de la maladie asthmatique, ou du VEMS. Les analyses réalisées après injection de corticoïdes systémiques (n=24) ne retrouvaient pas de modification significative de l’expression moyenne des gènes T2 entre les 2 groupes d’asthmatiques.

Cette étude confirme que l’expression des gènes T2 est corrélée à l’augmentation des marqueurs de l’inflammation T2 dans l’asthme de l’adolescent quel que soit le stade de sévérité mais ne permet de mettre en évidence un lien entre l’importance de l’expression de ces gènes T2 et le degré de sévérité de la maladie asthmatique alors que cela a déjà été démontré chez l‘adulte.

Pour aller plus loin

Les nombreuses limites de l’étude (faible taille de l’échantillon, expectorations induites réalisées uniquement chez les sujets âgés de 12 ans ou plus avec une fonction respiratoire peu altérée, analyses réalisées sous CSI, comparaison du groupe pédiatrique à un groupe témoin adulte) rendent difficiles l’interprétation de ces résultats. Des études de plus grande envergure sont nécessaires afin de mieux endotyper l’asthme sévère des enfants et des adolescents, afin d’améliorer leur prise en charge.

Rédigé par :

Dr Roux-Claudé Pauline
Praticien hospitalier
Service de Pneumologie
Unité d'Explorations fonctionnelles respiratoires et allergologiques
CHRU Jean Minjoz

Références
  1. Cornerstone, AM, Boomer JS, Lew D, et al. Letter. Ann Allergy Asthma Immunol. 2021 : 126 : 292e308.

7000040098 - 11/2022