Maîtriser la palpation de la rate : Quelles sont les clés pour identifier une splénomégalie avec précision ?

Bonjour, nous allons aujourd'hui vous montrer les règles de la palpation de la rate et de la recherche d'une splénomégalie, qui doit faire partie intégrante de l'examen clinique chez tout patient, porteur d'adénopathies notamment, d'une fièvre prolongée ou ayant des cytopénies ou au contraire des hypercytoses sur l'hémogramme. 
 
Alors, on commence généralement en se positionnant à droite du patient, comme on le fait lors d'un examen clinique habituel. Bien sûr, ne pas oublier l'hygiène des mains. Il faut que le patient soit dans des conditions on va dire optimales, assez relâché dans un environnement qui soit au calme et pas exposé non plus au froid. On commence par palper dans la région ombilicale, car si vous avez affaire à un patient qui a, par exemple, une néoplasie myéloproliférative, les rates peuvent être vraiment très très importantes et progresser en oblique vers l'ombilic, voire parfois même du côté droit. Et chez les patients non-corpulents, comme c'est le cas ici bien sûr une très grosse rate se voit à l'œil nu. Mais chez un patient qui aurait une obésité abdominale, il faut commencer par palper ici et ensuite, on remonte. Il suffit généralement d'apposer la main droite et de demander au patient d'inspirer "inspirez" et d'expirer. Alors c'est vraiment, l'idée, c'est la rate qui vient en contact des doigts et non pas les doigts qui appuient en faisant des mouvements alternatifs vers la rate. Pour reprendre une expression anglo-saxonne : "rien ne sert de creuser s'il n'y a pas d'or dessous". 
 
Alors, je rappelle au passage que chez le sujet normal, la rate n'est pas palpée, à de rares exceptions près. Donc, toute rate palpable chez un adulte, "inspirez", est pathologique jusqu'à preuve du contraire. Donc, on remonte progressivement jusqu'au rebord sous-costal, la rate se projetant dans l'axe de la dixième côte. Si vous ne sentez rien dans cette position, ensuite, il convient de contourner le patient et de vous mettre sur le côté gauche. 
 
Je me suis donc positionné à la gauche du patient cette fois. Donc quand j'étais à droite, j'utilisais la main droite. Lorsque je suis à gauche, j'utilise la main gauche. Je commence là également assez bas afin de ne pas méconnaître une splénomégalie importante qui pourrait descendre assez bas. Je ne bouge pas vraiment mes doigts, c'est le patient qui mobilise son abdomen. Et en cas de splénomégalie, on sent vraiment un tissu ferme qui vient buter sur l'extrémité des doigts et la palpation de la rate n'est pas très sensible, mais elle a une bonne spécificité. C'est-à-dire que si vous sentez quelque chose qui se projette comme ça dans l'hypocondre gauche, il y a de fortes probabilités qu'il s'agisse d'une splénomégalie. 
Je suis remonté et je termine ici les doigts en crochet sous les dernières côtes. Parfait. 
 
Et enfin, pour sensibiliser encore plus la méthode, on demande au patient de se mettre en décubitus latéral droit, les jambes légèrement fléchies, le bras autour de la tête. Voilà, pour vraiment bien dégager l'espace sous-costal et l'hypocondre gauche. Et là, à nouveau, avec la main gauche, avec mes quatre doigts, j'exerce une légère pression. Je demande au patient d'inspirer et d'expirer tranquillement plusieurs fois de suite. Cette méthode vous permettra de percevoir ce qu'on appelle une pointe de rate, c'est-à-dire un léger débord splénique à côté duquel vous pourriez passer si le patient restait en décubitus dorsal. 
 
Voilà donc par ces simples méthodes de palpation, vous pourrez détecter une splénomégalie. Ce qui permettra de générer un certain nombre d'hypothèses. Je vous rappelle, au passage, que les hémopathies malignes, qu'elles soient lymphoïdes ou myéloïdes, restent de loin la première cause de splénomégalie de l'adulte. 
 
Merci de votre attention.