- Article
- Source : Campus Sanofi
- 24 janv. 2024
Prurit, nodules et grattage : les trois signes clés du prurigo nodulaire
- Quels sont les symptômes du prurigo nodulaire ?
- Quelles sont les comorbidités associées au prurigo nodulaire ?
- Quelles questions poser à votre patient ?
Quels sont les symptômes du prurigo nodulaire ?
Le prurigo nodulaire est visible sur le corps du patient et son diagnostic est clinique. La présence de ces 3 signes permet de le poser.1
Des lésions cutanées papulonodulaires caractéristiques qui peuvent varier en couleur, en taille et en nombre
Un prurit chronique
Des signes de grattage répété comme des excoriations ou des cicatrices
Le prurigo nodulaire entraîne des modifications cutanées, histologiques et immunologiques2, 9-11 :
- Hyperkératose
- Infiltration de cellules immunitaires inflammatoires dans le derme
- Fibrose du derme avec des fibres de collagène arrangées verticalement
- Augmentation de la densité des fibres nerveuses dans le derme
Le saviez-vous ?
Observez la zone située entre les omoplates de votre patient : la peau y est parfois épargnée par les lésions cutanées et dessine un papillon. Ce signe est typique et s’explique par le fait que l’endroit est difficile à atteindre pour se gratter soi-même.2
Quelles sont les comorbitités associées au prurigo nodulaire ?
Le prurit du prurigo nodulaire peut être d’origine dermatologique, systémique, neurologique, psychiatrique, multifactorielle ou idiopathique.1
Les symptômes du prurigo nodulaire peuvent se développer indépendamment de la cause sous-jacente du prurit.12
Bien que le prurigo nodulaire puisse survenir sans maladies concomitantes, certaines maladies ont été plus fréquemment rapportées comme étant associées au prurigo nodulaire. Ces maladies sont les suivantes8, 13-16 :
Telles que certaines maladies de la peau provoquant des sécheresses et une détérioration de la barrière cutanée (ex : dermatite atopique, psoriasis, urticaire, infections cutanées etc.)
Telles que les maladies rénales chroniques ou patients nécessitant une dialyse, des maladies hépatiques comme les hépatites, des maladies cardiovasculaires, l’hypertension ou un accident vasculaire cérébral, le diabète, les dyslipidémies, l’infection au VIH, les maladies thyroïdiennes comme une hypothyroïdie, hyperthyroïdie, ou thyroïdite, certaines maladies tumorales, certaines maladies respiratoires comme la BPCO ou l’asthme, etc.
Telles que certaines neuropathies périphériques.
Tels que la dépression, la schizophrénie et les troubles anxieux qui peuvent augmenter la sensibilisation aux démangeaisons et aux grattages. Il est cependant à noter que les troubles de la santé mentale sont souvent aussi une conséquence du fardeau que représente la maladie pour les patients. Il est encore inconnu à ce jour si de tels troubles représentent une réelle étiologie du prurigo ou si elles en sont uniquement des conséquences.
Certains médicaments peuvent aussi être à l’origine d’un prurit, il peut également être utile de vérifier leur impact sur le prurit.
Facteurs étiologiques ou simples comorbidités associées, il peut être utile d’identifier ces comorbidités et d’en comprendre l’éventuel impact sur le prurit pour une prise en charge adaptée du patient.1, 17
Lorsqu’une étiologie est identifiée, le traitement étiologique est souvent insuffisant puisque le prurigo nodulaire évolue par lui-même.12, 18 En effet, le prurigo nodulaire est auto-entretenu par une sensibilisation au prurit et le comportement de grattage. Le traitement consiste alors au traitement parallèle des deux pathologies.
Pour identifier et diagnostiquer les affections qui peuvent éventuellement être à l'origine du prurigo nodulaire, l'examen clinique doit comprendre un examen complet des systèmes d'organes.17
Plusieurs examens pourront donc être réalisés :
- Des analyses biologiques : numération de la formule sanguine (NFS), tests de la fonction hépatique/rénale, tests de la fonction thyroïdienne, dépistage du diabète et des étiologies infectieuses sous-jacentes, y compris le VIH et le VHB/VHC
- De l’imagerie médicale
- Une biopsie cutanée dans certains cas
Quelles questions poser à votre patient ?
Pour vous aider à mieux comprendre ce dont souffre votre patient et afin d’évaluer la sévérité de la pathologie ainsi que l’impact sur sa qualité de vie, vous pouvez lui poser les questions suivantes1 :
- Quels sont vos symptômes ?
- En moyenne, sur une échelle de 0 à 10, quelle est l'intensité de vos démangeaisons pendant les 24 dernières heures ?
- Quand sont apparues vos démangeaisons et sur quelles zones sont-elles présentes ?
- Quand vous grattez-vous le plus ?
- Comment sont soulagées vos démangeaisons ? Qu’est-ce qui les aggrave ?
- À quoi ressemblaient les lésions cutanées au début ?
- À combien estimez-vous le nombre de nodules sur votre corps ? Le nombre de lésions évolue-t-il rapidement ?
- Présentez-vous une autre maladie de peau ou d'autres maladies systémiques récemment diagnostiquées ?
- Avez-vous récemment effectué un bilan sanguin complet ?
- Prenez-vous des médicaments ? Si oui lesquels ? Depuis combien de temps ?
- Avez-vous des allergies ou des intolérances connues ?
- Quels sont les impacts des démangeaisons sur votre vie quotidienne ? Votre sommeil en est-il perturbé (DLQI) ?
Une calculatrice permettant d'évaluer les scores suivants est à votre disposition :
* IGA PN-S est aussi utilisé dans le prurigo nodulaire avec des scores allant de 0 à 4 (0, 'net' (pas de nodule); 1, "presque blanchi" (≤5 nodules); 2, "léger" (6–19 nodules); 3, ‘modéré’ (20–99 nodules); 4, ‘sévère’ (≥100 nodules))
Mieux connaître la maladie
Le prurigo nodulaire peut affecter tout un chacun. Néanmoins, certaines personnes semblent présenter de plus grands facteurs de risque que d’autres.
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