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  • Quelle est l’origine du prurigo nodulaire ?
  • Quels mécanismes physiopathologiques caractérisent le prurigo nodulaire ?
  • Quel rôle joue l’inflammation de type-2 ?

Quelle est l’origine du prurigo nodulaire ?

Le prurigo nodulaire est une maladie distincte complexe et son origine n’est pas encore entièrement comprise. Sa physiopathologie serait liée à des lésions cutanées induites par le grattage dans un contexte de prurit chronique de haute intensité1.

Le prurit chronique est le signe initial du prurigo nodulaire. Il peut être d’origine dermatologique, systémique, neurologique, psychiatrique, multifactorielle ou idiopathique2.

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Illustration des mécanismes neurologiques et immunitaires responsables du cycle prurit/grattage chez le patient atteint d'un prurigo nodulaire.1-3

Quelle qu’en soit son origine initiale, le prurit chronique entraîne un grattage prolongé et un cercle vicieux prurit-grattage qui conduit, à terme, à la formation de lésions cutanées caractéristiques. Le prurigo nodulaire est auto-entretenu à la fois par ce cercle vicieux prurit-grattage et par le phénomène de sensibilisation neuronale au prurit1.

Il est important de noter que les symptômes de la maladie peuvent se développer indépendamment de l’origine initiale du prurit et le traitement isolé de son étiologie est souvent insuffisant3.

Dermatite atopique ou prurigo nodulaire ? Le Pr Laurent Misery fait le point sur ces deux maladies chroniques dermatologiques. Écoutez-le dans cet épisode du podcast Derm’Action.

Quels mécanismes physiopathologiques caractérisent le prurigo nodulaire ?

Le prurigo nodulaire entraîne des modifications cutanées, histologiques et immunologiques4,5,6,7 :

  • Hyperkératose
  • Infiltration de cellules immunitaires inflammatoires dans le derme (lymphocytes, macrophages, éosinophiles, neutrophiles, mastocytes)
  • Fibrose du derme avec des fibres de collagène arrangées verticalement
  • Dans le derme, augmentation de la densité des fibres nerveuses et surexpression des neuropeptides et des récepteurs du NGF (nerve growth factor) – par opposition à la réduction de la densité des fibres nerveuses dans l’épiderme en conséquence au grattage chronique.

Au niveau cellulaire, la physiopathologie du prurigo nodulaire implique des phénomènes neuronaux et immunitaires.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Les démangeaisons sont codées par deux voies neuronales majeures :

  • Histaminergiques (dans le prurit aigu)
  • Non-histaminergiques (dans le prurit chronique)10.
Le prurigo nodulaire se caractérise par cette sensibilisation au prurit, c’est-à-dire que le système nerveux a un fonctionnement détourné vers ce prurit et qu’il amplifie, pérennise le prurit. Et puis, il y a les interactions neuro-immunes que l’on voit bien dans les lésions de prurigo, avec une augmentation importante du taux de certains neuromédiateurs (…), et aussi la présence de cytokines th2 : (IL-4, IL-13, et IL-31), qui sont capables d’activer directement les terminaisons nerveuses de la peau.

Pr Laurent Misery

Chef de service de dermatologie au CHU de Brest et responsable du centre expert français sur le prurit

Quel rôle joue l’inflammation de type 2 ?

De nombreux médiateurs sont impliqués dans la physiopathologie du prurit et du prurigo nodulaire et semblent y jouer un rôle moteur. Parmi ceux-ci, se trouvent les cytokines de type 2 telles que l’IL-4, l’IL-13 et l’IL-31.8

Au-delà de leur action pro-inflammatoire, ces cytokines de type 2 sensibilisent les neurones au même titre que les autres pruritogènes (par l’intermédiaire de la voie non-histaminergique)8, 9, 12, 17.

Par ailleurs, elles participent à la fibrose du derme, un phénomène qui fait partie intégrante de la physiopathologie du prurigo nodulaire14, 18. Par exemple, l’IL-4 est une cytokine profibrotique qui stimule la prolifération et la migration des fibroblastes et la production des protéines de la matrice extra-cellulaire19.

Mieux connaître la maladie

Décrypter la physiopathologie du prurigo nodulaire favorise une meilleure prise en charge du patient qui en souffre. Identifiez les principales manifestations cliniques et les comorbidités associées au prurigo nodulaire en lisant notre article consacré au diagnostic.

Références
  1. Misery L. Chronic prurigo. Br J Dermatol. 2022;187(4):464-471.
  2. Ständer S, et al. IFSI-guideline on chronic prurigo including prurigo nodularis. Itch. 2020;5:e42.
  3. Pereira MP, Ständer S. How to define chronic prurigo? Exp Dermatol. 2019;28(12):1455-1460.
  4. Zeidler C, et al. Chronic Prurigo of Nodular Type: a review. Acta Derm Venereol. 2018;98(2):173-179.
  5. Weigelt N, Metze D, Ständer S. Prurigo nodularis: systematic analysis of 58 histological criteria in 136 patients. J Cutan Pathol. 2010;37(5):578-86.
  6. Kowalski EH, et al. Treatment-resistant prurigo nodularis: challenges and solutions. Clin Cosmet Investig Dermatol. 2019;28(12):163-172.
  7. Zeidler C, Ständer S. The pathogenesis of Prurigo nodularis--'Super-Itch' in exploration. Eur J Pain. 2016;20:37-40.
  8. Mack MR, Kim BS. The Itch-Scratch Cycle: A Neuroimmune Perspective. Trends Immunol. 2018;39(12):980-991.
  9. Oetjen LK, et al. Sensory Neurons Co-opt Classical Immune Signaling Pathways to Mediate Chronic Itch. Cell. 2017;171(1):217-228.e13.
  10. Yosipovitch G, et al. Itch: From mechanism to (novel) therapeutic approaches. J Allergy Clin Immunol. 2018;142(5):1375-1390.
  11. Kabata H, Artis D. Neuro-immune crosstalk and allergic inflammation. J Clin Invest. 2019;129(4):1475-1482.
  12. Garcovich S, et al. Pruritus as a Distinctive Feature of Type 2 Inflammation. Vaccines (Basel). 2021;9(3):303.
  13. Sutaria N, et al. Itch: Pathogenesis and treatment. J Am Acad Dermatol. 2022;86(1):17-34.
  14. Williams KA, et al. Pathophysiology, diagnosis, and pharmacological treatment of prurigo nodularis. Expert Rev Clin Pharmacol. 2021;14(1):67-77.
  15. Elmariah S, et al. Practical approaches for diagnosis and management of prurigo nodularis: United States expert panel consensus. Journal of the American Academy of Dermatology. 2021;84(3):747–760.
  16. Misery L, et al. Basic mechanisms of itch. J Allergy Clin Immunol. 2023;152(1):11-23.
  17. Agelopoulos K, et al. Cutaneous neuroimmune crosstalk in pruritus. Trends Mol Med. 2022;28(6):452-462.
  18. Sutaria N, et al. Cutaneous Transcriptomics Identifies Fibroproliferative and Neurovascular Gene Dysregulation in Prurigo Nodularis Compared with Psoriasis and Atopic Dermatitis. J Invest Dermatol. 2022;142(9):2537-2540.
  19. Nguyen JK, et al. The IL-4/IL-13 Axis in Skin Fibrosis and Scarring: Mechanistic Concepts and Therapeutic Targets. Arch Dermatol Res. 2020;312(2):81–92.

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